Encouragés par la promesse d’une pousse rapide, d’un écran végétal à l’épreuve des regards indiscrets, nombre de propriétaires ont opté pour des végétaux persistants bien connus et peu onéreux, taillés au cordeau. Constituant de véritables murs que certains n’hésitent pas à qualifier de « béton vert », ils sont le plus souvent : le laurier cerise (ou laurier palme), le cyprès, le thuya.
Si vous envisagez de créer ou renouveler une haie, sachez qu’il existe pourtant de nombreuses alternatives à ces haies mono-spécifiques.
Car ces haies monoculture peuvent certes masquer la vue, mais elles présentent aussi des défauts : elles sont vulnérables aux maladies (un parasite, et toute la haie est en danger), elles demandent un entretien régulier, elles n’offrent presque rien à la biodiversité et deviennent vite monotones, sans floraison ni fruits.

Une haie n’est pas une simple barrière : c’est une invitation à créer un écosystème vivant, chatoyant selon les saisons, accueillant oiseaux, insectes et petits animaux.
La haie défensive
Qu’est-ce que c’est ?
Des arbustes épineux comme le pyracantha, le berberis, le prunellier : une barrière naturelle parfaite pour dissuader les intrus, tout en restant élégante.
Pourquoi l’adopter ?
- une fois mature, elle constitue une barrière infranchissable, et devient ainsi une protection physique grâce aux feuilles piquantes ou aux branches épineuses (cambrioleurs, gros animaux…) tout en restant écologique !
- les plus petits animaux (oiseaux, rongeurs…) y trouvent quant à eux un refuge dont les prédateurs n’osent pas s’approcher.
Les végétaux qui la composent :
- Mahonia
- Berberis
- Pyracantha
- Houx
- Prunellier
- Argousier
- Aubépine
- Rosier rugueux
- Osmanthe
- Epine vinette
- Cognassier du japon
- Ajonc
- Poncirus (citronnier)
La haie vive ou haie libre
Qu’est-ce que c’est ?
Le principe de la haie vive (ou haie fleurie ou haie libre) est de disposer d’une haie de hauteur variée (de 50 cm à 3m environ) agréable à l’œil toute l’année, adoptant un port naturel (par opposition aux haies classiques qui peuplent nos lotissements). Pour cela, il suffit de bien choisir les espèces végétales pour échelonner l’intérêt esthétique au fil des saisons. Au printemps et en été les fleurs, à l’automne les feuillages de teintes variées, en hiver les écorces, feuillages persistants…

Pour éviter d’avoir une haie entièrement dégarnie durant tout l’hiver, vous pouvez jouer sur l’alternance de feuillages caducs et persistants (répartition 2/3 caducs – 1/3 persistants conseillée pour un bon équilibre visuel)
Pourquoi l’adopter ?
- Elle est utile pour la biodiversité et a un aspect plus naturel si elle est taillée au sécateur (en comparaison des haies droites taillées au taille-haie)
- Elle est résistante aux maladies grâce à la diversité génétique, en particulier si elle est composée d’espèces locales ou endémiques
- Son entretien est limité à une taille par an, voire pas de taille du tout (selon la place disponible et le rendu exact souhaité)
Les végétaux qui la composent :
- Cognassier
- Forsythia
- Aubépine
- Weigelia
- Photinia
- Lauriers (laurier sauce, laurier thym…)
- Tamaris
- Lilas
- Troène
- Seringat
- Viorne
- Ceanothe
- Eleagnus
- Amélanchier
- Physocarpus
- Cornouillers
- … et bien d’autres !
La haie champêtre ou bocagère
Qu’est-ce que c’est ?
Autrefois typiques de nos campagnes, les haies dites bocagères rassemblaient arbres et arbustes locaux pour structurer les champs et pâturages. Supprimées massivement lors du remembrement agricole entre les années 1960 et 1980, elles jouaient pourtant un rôle clé : elles freinaient les vents dominants, filtraient l’eau de pluie, limitaient l’érosion des sols et abritaient une grande diversité d’espèces. Elles participaient aussi au charme des paysages ruraux, que beaucoup regrettent aujourd’hui.
Pourquoi l’adopter ?
- Quel spectacle à l’automne ! (seul inconvénient : elle perd son feuillage en hiver)
- Port naturel (selon le style de taille adoptée)
Les végétaux qui la composent (variable selon les régions):
- Érable champêtre
- Pommier sauvage
- Charme commun
- Frêne
- Filaire
- Viorne
- Sureau
- Cornouiller
- Noisetier
- Chêne
- Saule
- Fusain
- Prunus
- Sorbier
La haie nourricière
Qu’est-ce que c’est ?
La haie nourricière combine l’intérêt esthétique et l’utilité pour nos assiettes, puisqu’elle est composée de végétaux fournissant des fruits divers (charnus ou secs) et des baies.
N’oublions pas qu’à l’état sauvage, nos fruitiers que sont les pommiers, cerisiers, pruniers… adoptent plutôt un port buissonnant (Vs. la tige que nous voyons dans les commerces, issus de la greffe sur un scion)
Pourquoi l’adopter ?
- Parfait pour les petits jardins dont la taille limite les choix et ne permet pas l’implantation d’un verger plus conventionnel
- Nourrissante à la fois pour vous, les animaux et les insectes (attention certains fruits ne se consomment que cuits / en gelée car ils peuvent être toxiques s’ils sont crus : c’est par exemple le cas du sureau)
Les végétaux qui la composent :
- Pommier
- Prunier
- Amélanchier
- Casseille
- Cassissier
- Groseillier et groseillier à maquereau
- Baie de goji
- Noisetier
- Cerisier
- Nashi
- Mûrier
- Vigne
- Poirier
- Arbousier
- Sureau
La clôture « vivante »
Qu’est-ce que c’est ?
Véritable trait d’union entre la clôture et la haie végétale, elle consiste à planter des tiges de saule vivant directement en terre, puis à les tresser ou à les palisser pour leur donner la forme souhaitée. Leur caractère naturellement souple et longiligne facilite l’exercice.
Pourquoi l’adopter ?
- Elle se prête à (presque) toutes les folies : clôture droite, en courbe, dôme, arche, bordure… les seules limites sont votre imagination et votre patience 😊
- Elle est peu épaisse et peu dense, donc adaptée aux petits espaces
- Son coût est très faible puisqu’il suffit de se procurer des rameaux encore verts et fraichement taillés
Les végétaux qui la composent :
- Différentes variétés de saule (doré, pourpre, crevette…)
La haie sèche ou de Benjes
Qu’est-ce que c’est ?
Tout « simplement » un empilement de bois mort d’environ 1 mètre, maintenu en place par des pieux, préférablement en bois.
Elle a été inventée par Herman Benjes, un écologue allemand du XXe siècle qui a documenté et popularisé cette technique à la fin des années 80.
Les déjections des animaux y trouvant le gîte contiennent des graines qui formeront à leur tour une haie vivant de plantes locales, une fois la haie sèche elle-même décomposée.
Avec les années, la haie « morte » va se tasser peu à peu, laissant place aux arbres et arbustes qui auront pu se ressemer. Vous aurez donc une haie naturelle qui se sera créée d’elle-même !
Pourquoi l’adopter ?
- Pratique si vous avez beaucoup de résidus de taille à recycler
- Refuge pour la faune sauvage (insectes, petits mammifères, oiseaux…) et la flore (champignons, bactéries)
- Écologique (il évite le dépôt en déchetterie e nourrira toutes sortes d’insectes)
Les végétaux qui la composent :
Assez peu d’importance mais mieux vaut éviter une trop grande quantité de résineux, qui se décomposent mal et acidifient le sol, ou de feuilles coriaces comme celles des lauriers palme. Variez en revanche autant que possible le diamètre des branchages et n’hésitez pas à incorporer racines et feuilles.
La haie plessée
Qu’est-ce que c’est ?
Assez proche de la haie en osier vivant, elle consiste à pratiquer une taille puis un tressage spécifiques qui lui procureront cet aspect singulier de branches enchevêtrées.
Elle est malgré tout assez technique et nécessite un bonne préparation et mure réflexion, car les coupes pratiquées sur des sujets déjà bien installés sont importantes et évidemment irréversibles.
Pourquoi l’adopter ?
- Pour son intérêt technique (ancestral) et écologique
- Pour son caractère infranchissable une fois bien développée, idéale pour les animaux
Les végétaux qui la composent (comme la haie bocagère : nécessairement des essences locales) :
- Aubépine
- Prunellier
- Houx
- Noisetier
- Saule
- Charme
- Hêtre
- Érable
- Chêne
La haie grimpante
Qu’est-ce que c’est ?
Comme son nom l’indique, ce type de haie utilise les rêves de hauteur de certaines plantes pour recouvrir un support (treillis, grillage, panneau, brande de bruyère…).
Grâce à leurs vrilles, à leurs crampons, ou à leurs épines, les plantes grimpantes garnissent très rapidement l’endroit où elles sont installées.
Pourquoi l’adopter ?
- Encombrement minimal si elle est taillée régulièrement ; elle est donc pratique dans les petits jardins
- Ces plantes sont souvent fleuries voire parfumées
Les végétaux qui la composent :
- Clématite (caduque ou persistante)
- Chèvrefeuille
- Bignone
- Passiflore
- Lierre
- Jasmin
- Glycine
- Rosier grimpant
- Hortensia grimpant
- Houblon
- Vigne vierge
Conclusion et résumé
Type de haie | Rapidité de croissance | Intérêt principal | Hauteur (en moyenne) | Difficulté |
Défensive | Moyenne | Anti-intrusion | 2/3m | + |
Vive ou libre | Moyenne | Esthétique | 2/4m | + |
Champêtre ou bocagère | Lente | Ecologique | 2/5m voire plus | + |
Nourricière | Moyenne | Alimentaire, écologique | 2/4m | + |
Vivante | Rapide | Esthétique, faible coût | 1/2m | ++ |
Sèche ou de Benjes | Lente | Ecologique | 1/2m | + |
Plessée | Lente | Ecologique | 1/2m | +++ |
Grimpante | Rapide | Esthétique, rapidité | 2/3m | + |
Changer de la haie monoculture, c’est choisir la vie – un jardin à votre image, avec dynamisme, parfums, récoltes, textures et un écosystème foisonnant. Que vous penchiez pour une champêtre généreuse, une haie fruitière gourmande ou un rideau fleuri, vous créez plus qu’une haie : un lieu de rencontre douce entre la nature et vous.
Découvrez, mélangez, imaginez, et surtout, n’hésitez pas à partager vos photos et retours – le jardin se cultive aussi avec des histoires humaines !
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